Hautrage, tremplin du Borinage vers le Tournaisis


Deuxième gare après Saint-Ghislain sur la ligne 78, Hautrage, deux kilomètres après la halte de Boussu-Haine. La Compagnie privée Hainaut-Flandre a lancé ses premiers rails entre le Borinage et le Hainaut occidental en 1861. La nœud ferroviaire de Saint-Ghislain est le point de jonction entre le rail borain et le Tournaisis, Renaix, la Flandre. Une ligne de 39,5 kilomètres est installée entre 1861 et 1870. Premier mouvement: Saint-Ghislain vers Basècles Carrières, et, via la ligne 86, Leuze, Renaix et les Flandres, le 15 février 1861, prolongation le 1er mars 1867 vers Péruwelz et aboutissement à Tournai où la mise en service s’opère le 15 février 1870.

La station d’Hautrage a pris initialement de nom de « La Hamaide », en référence au hameau de l’ancienne sablonnière locale. Le nom « Hautrage-Etat » apparaît en 1887 avant de devenir « Hautrage » au début des années 1970. La station initiale a été ouverte le même jour que sa voisine en venant de Saint-Ghislain, Boussu-Haine, le 15 février 1861. La petite gare était initialement équipée d’un bâtiment provisoire construit par la Compagnie Hainaut-Flandre. Son infrastructure allait s’étoffer après la reprise par l’Etat belge en 1871.
La gare d’« Hautrage-Etat » était équipée d’un nouveau bâtiment des recettes (BR) construit sur base du type standard de 1881 fixé par l’Etat. La partie centrale comprenait un étage dans lequel était aménagé le logement de fonction du chef de la station, au-dessus de la salle d’attente. Deux ailes, dont une à toit plat comprenant les latrines, complétaient le bâtiment, l’autre aile, sans étage et avec un marquise à quai, abritait un magasin pour les colis. Un autre hangar, plus important, complétait l’infrastructure bâtie. La gare était également équipée de deux jardins ainsi que d’une grande cour pavée aux marchandises, dont la longueur des voies témoignait de l’intensité du trafic et de la vie économique locale. Au début des années 1910, une voie pour les marchandises qui se déclinait en deux voies en cul-de-sac pour le triage des wagons pleines, vides, ainsi que d’une autre voie de « circulation ».

Du côté de la place de la gare, sur un coin de laquelle trônait un café de la « Brasserie de l’Union », un deuxième hangar et une rampe de chargement permettait la gestion des marchandises entrantes et sortantes ainsi que le transbordement avec le réseau vicinal dont la ligne principale accueillait des raccordements privés, notamment la société Escoyez.
Après la gare d’Hautrage et le franchissement, sur un pont, du canal de Mons à Condé jadis très prisé pour le transport de la houille locale, un aiguillage sur la voie venant de Blaton ouvrait, dès les années 1912 et suivantes, sur un faisceau « marchandises » donnant sur le charbonnage Sainte-Elisabeth, en activité de 1914 au 18 juillet 1959, notamment, vers les Laminoirs, forge et fonderie Demerbe et, plus loin, après le chemin des Herbières, vers le sous-raccordement de l’entreprise Dubrulle. Les voies du raccordement revenaient vers les voies principales après la gare.
En venant de Saint-Ghislain, un petit faisceau ouvrait vers une voie pour le stockage des wagons vides, une autre pour les wagons pleins et une autre encore en cul-de-sac.

Du passé au présent

De tout cet arsenal économique de jadis, il ne reste rien aujourd’hui à Hautrage-Etat. De nouveaux quais ont été aménagés en 1971 dans le cadre de travaux de rectification de la ligne qui nécessitèrent une importante mise en remblai. Les travaux d’électrification de la ligne 78, en 1982, ont eu raison du bâtiment principal de la gare dont le personnel avait été déplacé vers d’autres stations. Hautrage est devenu un point d’arrêt non-gardé équipé d’une aubette en béton jusqu’au 27 mai 1994. Les trains de la ligne 78 vers Blaton ou Saint-Ghislain ne s’arrêtent plus. Les traces du temps passé autour de l’ancienne station évoquent des époques de vie intense. C’était hier.