
Nous sommes sur la ligne du Bas-Flénu. L’axe principal de cette ligne plonge à partir de la station de Flénu-Produits vers les rives du canal de Mons à Condé. Avant d’y arriver, les convois de charbon descendant des mines boraines passent par une gare de transit: Quaregnon-Central. Nous sommes au « carrefour Salik » d’aujourd’hui.
La gare de Quaregnon-Central était située tout près du puits n°1 du nord du Rieu du Cœur, implanté à l’endroit de l’actuel magasin de meubles « WEBA». Cette gare n’était en fait qu’un grand dépôt de locomotives et de personnel roulant et d’entretien. La gare était sollicitée à tous moments pour envoyer ses locomotives sur le réseau borain « nord » et y descendre les lourds convois de houilles qui descendaient vers les rives du canal ou les remonter en direction des gares de Flénu-Produits ou de Quaregnon-Monsville. Il arrivait même à ces locos de rouler sur les voies des charbonnages raccordés tellement la demande était pressante.
Desserte charbonnière très dense
La ligne du Bas-Flénu, à double voie jusqu’en 1925, à simple voie par la suite, montait à partir de Quaregnon-Central vers la gare privée de Ste Marie-Josephe et les charbonnages environnants en direction de Flénu. De Quaregnon-Central, partait, par ailleurs, une ligne vers le centre-même de Quaregnon qui desservait d’autres charbonnages. Cette branche sera supprimée dès la liaison de la ligne du Bas-Flénu avec le chemin de fer de Saint-Ghislain via Hornu-Route.
Les raccordés de Quaregnon-Central
Tout près de Quaregnon-Central se situait une usine électrique qui alimentait en courant la caténaire de la ligne vicinale de l’Etat de Mons à Boussu. Cette centrale électrique aurait-elle laissé son nom à la gare de chemin de fer? La SNCV avait d’ailleurs ici un grand dépôt de trams connecté à la ligne du Bas-Flénu. Trois autres entreprises étaient raccordées au réseau ferroviaire à Quaregnon-Central: le charbonnage n°1 du nord du Rieu du Cœur, les sociétés Devroede et Deghillage.
Au-delà de Quaregnon-central, les convois plongeaient vers le rivage du canal, vers la droite en direction de la gare de triage de Jemappes-Charbonnière et du rivage de Jemappes, vers la gauche, en cul-de-sac en direction, entre autres, des usines de fer et de cuivre Van Vrekom.
Le dépôt de Quaregnon-Central comportait régulièrement une bonne vingtaine de locomotives-vapeur prêtes au mouvement ou en maintenance. De plus, le profil accidenté de la ligne en vers le Borinage nécessitait un dépôt de « serre-frein »… personnel attaché au freinage des wagons en mouvement.
L’atelier de Quaregnon-Central sera fermé le 2 octobre 1927 et l’ensemble des activités transférées vers la gare de triage de Saint-Ghislain. L’atelier de réparation des locos allait toutefois retrouver Quaregnon-Central de 1945 à 1948, les infrastructures Saint-ghislainoises ayant lourdement souffert des bombardements alliés.
Aujourd’hui…
Que reste-t-il à Quaregnon-Central? Bien de peu de témoins, hélas… La ligne du Bas-Flénu a totalement disparu, de même que ses branches charbonnières. Le charbonnage n°1 du nord du Rieu du Cœur a laissé une partie de son damage au magasin de meubles « WEBA» sur le coin gauche du carrefour « Salik » vers Mons. Les ateliers Devroede ont disparu, le dépôt des trams de la SNCV s’est perpétué en dépôt d’autobus récemment acquis par un privé. Les autres infrastructures d’origine de cet endroit-clé du passé borain se trouvent au cœur de la propriété de M. Deghillage. Les bâtiments de Quaregnon-Central, dont une partie a été rasée pour les besoins de la modernité, servaient à l’origine de locaux techniques pour l’entretien des locomotives. Ils furent reconvertis en partie en modestes habitations pour le personnel des chemins de fer. Ici, on peut encore distinguer un très vieux et vaste bâtiment des chemins de fer ainsi qu’un petit atelier aux multiples portes et fenêtres aux voûtes arrondies. Les deux maisonnettes du personnel de gestion de l’époque ont été superbement rénovées en deux belles villas. Les Deghillage ont voulu rester respectueux du passé…










