LUSTIN. La gare, les pommes, la confiture


La gare de Lustin, sur la ligne 154 entre Namur et la frontière franco-belge vers Givet, est située entre Godinne et Jambes. La station, située dans l’actuelle entité de Profondeville, a été mise en service le 5 février 1862. Le bâtiment principal fut construit dans le style de la Compagnie du Nord-Belge, en charge de l’exploitation de la ligne. Historiquement, la gare de Lustin et l’entreprise Materne sont étroitement liées. (Photos SagaGares – Gares belges d’autrefois – Archives Nostalgie lustinoise)

Bienvenue à Lustin! La petite gare, point d’arrêt non-gardé aujourd’hui, fait partie de l’entité de Profondeville. Son histoire remonte au XIXe siècle, du temps de la compagnie du Nord-Belge à l’origine de la ligne vers Givet. Le bâtiment des voyageurs à Lustin était identique aux autres construits par le « Nord-Belge », notamment celles de Jambes, Dave, Godinne, Yvoir et Hastière. Elle abritait le block 4 de la ligne. La station été notamment équipée d’un abri pour les voyageurs sur le quai vers Namur. Une voie de cour, équipée de trois culs-de-sac, desservait la cour et le hangar aux marchandises où transitaient les denrées destinées au village et aux entreprises locales. La cour, le quai à bestiaux, les espaces du hangar et de la lampisterie ainsi que le jardin du chef de gare ont laissé l’espace à un vaste parking. La cabine de signalisation du block 4 se situait à côté du bâtiment principal. Une deuxième cabine de signalisation, installée près du PN 106 et de maisonnette, gérait la sortie de la gare en direction de Dinant-Givet.

Le rez-de-chaussée du bâtiment principal comprenait le salle d’attente, le bureau des préposés, une librairie, et un bureau de poste. L’appartement du chef de gare était installé au premier étage, où on trouvait la salle à manger, la cuisine et des greniers; trois chambres et la salle de bain équipaient le deuxième étage. Le « luxe » des cheminots d’antan.

Situation à Lustin en 1990

Le plan de la gare en 1990 fait toujours apparaître l’ancienne cour aux marchandises, qui est devenue un parking. Les voies de cours, par contre, ont disparu, ainsi que la connexion avec l’ancienne usine « Materne ». L’ancien jardin du chef de gare est occupé par l’administration communale. Les cabines de signalisation ont, elles aussi, disparu.
Le bâtiment des voyageurs des origines n’a pas eu la « chance » de celui de Godinne, d’être classé. Il a été démoli et remplacé par une nouvelle infrastructure en 1982. Un passage sous voie a été construit dans le même temps en remplacement du PN 106. La gare de Lustin a été fermée aux voyageurs le 23 mai 1993. Aujourd’hui, le point d’arrêt non géré de Lustin est équipé d’un automate pour l’achat des titres de transport. La station est desservie par les trains IC entre Dinant et Brussels Airport-Zaventem via Namur (L 161), des trains L entre Namur et Libramont (L 162) et des trains P entre Bertrix et Dinant (L 166). La gare de Lustin est desservie les week-ends et jours fériés par les trains IC entre Dinant et Bruxelles-Midi via Namur (L 161) et les trains L entre Namur et Libramont (L 162). Passent également à Lustin de nombreux trains de fret de l’« Athus-Meuse », entre le terminal à conteneurs d’Athus, plus grand port sec de Belgique et plateforme internationale intermodale, la vallée de la Meuse et le nord du pays, les principaux ports de le Mer du Nord, notamment Anvers, Zeebruges et Rotterdam.

Le raccordement fruité

Si on se promène aujourd’hui du côté de Lustin et de sa gare, on retrouve le souvenir ténu et enherbé de la voie de cour, tout près du « hall de la gare », un bâtiment moderne désormais, hélas, fermé au public. Inutilité forcée et bien coûteuse. A l’opposé du bâtiment, une autre partie enherbée et envahie par les bouleaux et autres essences, rappelle la voie de l’usine « Confilux », dont seuls deux bouts de mur évoquent l’insaisissable souvenir.
Le groupe « Nostalgie lustinoise » évoque l’usine de confiture Confilux, née à Lustin, tout près de la gare, un « fleuron économique, symbole de la culture des fruits dans la Vallée de la Meuse. L’histoire évoque ce petit atelier de pâtes de pommes située à Profondeville repris par le Brabançon flamand Auguste Heymans en 1895. L’accès aux moyens de transport divers sera déterminant dans le choix de Lustin et de sa gare, située tout près de la Meuse. Les matières premières et les produits étaient ainsi transportés tantôt par voie d’eau, tantôt par rail: une voie, à laquelle les marchandises accédaient via une passerelle « sur-voies », desservait l’entreprise.
En 1928, la SA des Produits alimentaires (SAPAR voit le jour avec une dizaine d’ouvriers. Les pâtes de pommes de la vallée de la Meuse sont le produit-phare. Le sucre, nécessaire à la fabrication, arrive par train. Très couteuse en énergie, la production des délicieuses pâtes arrêtera en 1965. Place, donc, à la confiture! Confilux SA en naîtra et son succès sera exponentiel. Le site de Lustin deviendra trop petit, une deuxième usine, plus moderne, sera construite à Saint-Trond.
Par ailleurs, un concurrent de Confilux était implanté à Jambes, près de Namur: cette entreprise, spécialisée dans la culture et le commerce de fruits, avait été fondée à Wépion en 1888 par Edouard Materne. Après plusieurs phases d’évolution, Materne et Confilux décideront de fusionner en 1977 et de s’implanter à Floreffe en 1980, sur un nouveau site qui reste d’actualité. L’usine des origines en gare de Lustin en sera oubliée, gommée. La marque Materne-Confilux est restée un fleuron économique de la région mosane, fidèle aux exigences de ses précurseurs, une entreprise familiale et fidèle au terroir.