Maubray et son histoire de la vitesse


Arrêt en gare de Maubray. Nous restons sur la ligne 78 et venons de quitter Callenelle en direction de Tournai. Le village de Maubray fait partie de l’entité d’Antoing. Le chemin de fer est arrivé ici en 1870 des œuvres de la Compagnie des Bassins Houillers du Hainaut. L’histoire de la gare est intimement liée à celle de la vitesse. (Photos SagaGares)

La première station de Maubray a été mise en service le 15 février 1870, avec celles de Callenelle, Antoing et Vaulx, dans le cadre de la deuxième phase de l’ouverture de la ligne 78 entre Saint-Ghislain et Tournai. La phase initiale remontait au 15 février 1861. La première infrastructure de Maubray, une halte dépendant de Callenelle, était équipée de locaux modestes et provisoires, la priorité étant donnée au trafic des marchandises, d’abord, des personnes, ensuite. La gare de Maubray va bénéficier plus tard d’une infrastructure plus importante, basée sur le modèle standard de l’Etat en vigueur: un bâtiment principal comptant huit travées, pour les bureaux administratifs et la salle d’attente, avec un étage pour l’habitation du chef de gare, deux ailes « techniques » à toit plat. Il est équipé d’une marquise côté quai et d’un petit bloc séparé pour les latrines. Une cour pavée, un hangar et une rampe permettait la gestion des marchandises. Le chef de gare bénéficiait d’un jardin de 3,92 ares, de quoi procurer fruits et légumes à sa famille en toutes saisons. Une configuration très classique que l’on retrouvait aux quatre coins du pays, la volonté de l’Etat étant, alors, d’oublier le style des bâtiments néo-Renaissance et néo-Classique pour privilégier le fonctionnel. Cette nouvelle gare serra inaugurée le 15 octobre 1981.
Le seul raccordement industriel qui sera connecté, en 1927, à la gare de Maubray était celui de la société Albert Pillons, devenue S.A. des Sablières de Maubray. Un transbordeur viendra compléter l’ensemble en 1940. Le raccordement fut fermé en 1953.

La grande sablière

La seule activité industrielle qui était propre à Maubray fut celle générée par deux sablières. Le village et sa région sont situés à la limite d’une zone sablonneuse et d’une zone limoneuse. La sablière la plus importante était située entre le chemin de fer et le Moulin du Maugré; elle était propriété de la famille Plaquet. Son activité, intense dans la première moitié du XXe siècle, a cessé en 1950 en raison de l’augmentation des coûts salariaux et de l’appauvrissement des couches de sable. Le site de la grande sablière a été évolué entre 1974 et 1979 en un lieu apprécié par les spécialistes du motocross qui venaient s’y mesurer dans le cadre d’une grand rendez-vous international. Plus tard, on a tiré aux clays dans la sablière, on y a déversé des immondices. En 1992, 300 couples d’hirondelles, espèce en voie de disparition, y étaient observés. Cette découverte permit au site d’être protégé, d’être, ensuite, reconnu comme site de grand intérêt biologique et, en 2008, réserve naturelle. Une longue histoire…

Un « pont des imbéciles »…

Un pont, le seul, situé entre Maubray et Callenelle, a suscité la colère des agriculteurs de la région au lendemain de la première guerre mondiale. Il existait à l’origine deux passages à niveau à proximité de la gare de Maubray. Une ancienne maisonnette de garde-barrière est d’ailleurs le dernier vestige de l’un d’entre eux, aujourd’hui. L’autre passage à niveau était essentiellement emprunté par les fermiers et ne devait pas être gardé. La décision fut prise par les instances des chemins de fer ou du ministère des transports de remplacer ce passage à niveau par un pont. Pour aboutir au fameux pont, il fallut dès lors détourner les chemins campagnards de plusieurs centaines de mètres. Pas contents, les fermiers pour qui le nouvel ouvrage d’art est vite devenu « pont des imbéciles ». L’ouvrage a été assaini et restauré dans le cadre des travaux de la ligne TGV dans les années 90.

L’ère de la vitesse

La vitesse et le chemin de fer à Maubray sont indissociables. Si le rail est arrivé là, c’était pour transporter marchandises et personnes plus loin, plus vite. La vitesse aura un autre impact sur Maubray, ainsi que sur toutes les gares de son envergure: l’arrivée de l’électrification au début des années 80 aura pour objectif d’aller encore plus vite, encore plus loin. La mise en service de la ligne électrique a été actée le 10 janvier 1982. La gare des années 1881, point d’arrêt dès le début des années 70, verra ses infrastructures disparaître, laissant leur espace aux deux aubettes en béton d’aujourd’hui. Aujourd’hui, le train visite Maubray aux heures de pointe tous les jours de semaine.

Vitesse, la deuxième vague

La vitesse a provoqué une seconde révolution à Maubray, dans les années 90, avec l’arrivée de la ligne TGV et de son site propre que l’on peut aujourd’hui voir du haut du pont à la « rue de Maubray » à Fontenoy. On peut aussi y voir la ligne 78, la dorsale wallonne, connectée à la ligne à grande vitesse. Ce raccordement à la ligne Mons-Tournai permet de rejoindre Mons et de poursuivre ensuite vers Charleroi et Namur. C’est par là que transite le Thalys entre Paris et Namur.
Maubray se situe au km 74 de la branche Ouest du réseau TGV belge qui relie Bruxelles à la frontière française, via la ligne « 1 » qui a été mise en service le 14 décembre 1997. La SNCB inscrivit ainsi la Belgique dans le réseau européen à grande vitesse…