Blaton, on y passe, on y repasse


Arrêt en gare de Blaton. Nous sommes sur la ligne 78 entre Harchies et Basècles-Carrières. Le chemin de fer est arrivé ici en 1861 avec l’ouverture de la section entre Saint-Ghislain et Basècles-Carrières de la ligne qui fera, plus tard, la jonction avec la Flandre et De Pinte. La gare a été mise en service le 15 février par la Compagnie Hainaut-Flandre, qui développait à cette époque le réseau ferroviaire, entre le Borinage et le nord du pays. Le transport du charbon et de ses travailleurs venus, chaque jour, du nord du pays, étaient essentiel.

Blaton a, avec le temps, évolué en un point de correspondance de plusieurs lignes, dès la reprise de l’activité ferroviaire par l’Etat belge, le 25 avril 1870. Trois lignes viennent se greffer à la station de Blaton et à la ligne 78: la ligne 79 (20/05/1895) entre Blaton et Quevaucamps, la ligne 80 (15/11/1876) qui conduit les convois vers le point d’arrêt de la Grande Bruyère, où on exploitait le sable jusqu’en 1981, vers plusieurs « fosses », Sainte-Catherine, les Sartis, propriété des charbonnages d’Hensies-Pommeroeul, les fosses Sainte-Barbe et Louis Lambert, en franchissant via des ponts le canal de Pommeroeul, le canal de Nimy-Blaton-Péronnes. La ligne 81 (20/07/1876) permet, quant à elle, la jonction entre Blaton, Beloeil et Ath. Ces trois lignes annexes seront mises hors services et démontées entre 1942 et 1985: Quevaucamps en 1942, Bernissart en 1975, Ath en 1984, dans le cadre du Plan IC-IR de restructuration du réseau de la SNCB. Les voies en gare ont été modernisées et adaptées aux vitesses plus élevées des trains, alors que la signalisation passait sous la tutelle de la gare de Tournai. La gestion du trafic des marchandises en gare a été supprimée en 1992. Le personnel a progressivement été délocalisé.
La gare a évité la fermeture pure et simple en 2006 grâce à une pétition des voyageurs qui avait recueilli 530 signatures! Le guichet a toutefois été fermé le 1er juillet 2013 et remplacé par des automates. La salle d’attente a, elle aussi, été fermée au public. Pour garder une certaines attractivité pour l’ancien bureau des recettes, le bourgmestre de Bernissart a fait installer un service de repassage de vêtements, toujours en activité aujourd’hui sous le nom « Berni-Repassage ». La commune de Bernissart a acquis la salle des guichets et la salle d’attente en octobre 2022. Blaton et son « Quartier de la Gare » sont ainsi entrés dans un nouvelle vie.

Nouvelle gare en 1960

Le bâtiment des recettes des origines n’avait pas d’étage: il était composé d’un rez-de-chaussée à sept travées, il présentait un toit pointu ainsi qu’une marquise à quai. Le chef de gare disposait d’un logement située tout près du passage à niveau tout proche. Deux cabines de signalisation géraient, aux grandes heures, le trafic en gare, les deux voies « voyageurs », le faisceau de sept voies de marchandises en cul-de-sac. La gare disposait, plus loin, d’une remise aux locomotives équipée d’une plaque tournante, d’un château d’eau, d’un parc à charbon et d’un magasin qui accueillait les voies de cour.
Plusieurs raccordements privés se jetaient dans le faisceau de l’Etat à Blaton: la fabrique d’engrais chimique et le magasin à charbon de Georges Milisse (1907), celui, notamment équipé d’un réseau Decauville, des frères Duchâteau, industriels de la chaux (1923), un autre, provisoire, qui permettra, dès 1954, à l’entreprise de Marcel Audin d’acheminer les matériaux vers le chantier de construction du pont sur le canal Nimy-Blaton. Les raccordements, quai de chargement et les terrains serviront également aux sociétés Titelion-Lucas (1946), Jean Delbart-Gosselin (1955), à la scierie mécanique Fernand Lacroix, à la Compagnie nouvelle de Combustibles sprl (1966). Signes des temps, signes du passé…